dimanche 24 avril 2011

2011, II : 1 - [matériaux, chantier]




Nous marchons tous les quatre dans les nouvelles rues de la ville. Dans certaines rues de ce que devient cette ville. Dans sa nouvelle architecture. Nous marchons là où se tenait l’extérieur de la ville. Là où était tenu à l’extérieur de la ville ce qui la constituait et la regardait. Nous marchons là où la ville était une usine. Nous marchons là où la ville était un port. Nous marchons là où la ville avait un cœur extérieur à elle-même. Nous marchons là où la ville poursuit l’effacement de ce qu’était son cœur. Effacement de l’usine. Effacement du port. Effacement de ce que fut ce cœur, extérieur à la ville centrale et à ce qui s’y est toujours tramé. Son pouvoir. Nous marchons et gardons vivant le cœur extérieur. Nous marchons dans l’effacement. Nous inscrivons la persistance. Nous quittons la ville. Nous rejoignons les campagnes. Nous marchons dans l’effacement des lieux. Nous sommes là, bien réels. Nous marchons dans la présence bien réelle de ces lieux. Nous maintenons en vie les cœurs extérieurs. L’usine. Le port. Les campagnes. Nous marchons dans l’architecture nouvelle. Nous marchons dans ces lieux où les rois et les princes n’ont jamais su régner. Nous marchons dans ces lieux où les rois et les princes n’ont jamais été en pouvoir, quelque fut leur pouvoir, malgré tout leur pouvoir, de rendre aimable en rien le règne. Nous marchons dans les immensités et dans les marges. Nous maintenons en vie quelques possibilités pour être. Pas moins. Nous fréquentons les territoires extérieurs. Nous marchons : avec les immensités. Nous marchons : avec celles et ceux qui les peuplent. Nous sommes celles et ceux qui les peuplent. Nos cœurs sont multiples. Nous sommes. Un peuple multiple.

Nous traçons des frontières mouvantes. Par nos marches quotidiennes. Nous traçons des frontières mouvantes qui rendent instables les territoires définis par la seule volonté de règne.

Nous marchons dans l’immensité des territoires extérieurs à la ville. Nous marchons dans l’immensité des territoires extérieurs à la domination. Nous marchons dans la puissance des territoires extérieurs. Nous marchons : à la frontière. Nous traçons les frontières. Nous traçons des frontières mouvantes, par nos marches quotidiennes. Nous traçons des frontières mouvantes qui rendent instables les territoires définis par leur seule volonté de règne. Nous marchons : au cœur de la ville. Nous marchons : là où la puissance est extérieure. Nous éprouvons les intensités d’une certaine puissance, incertaine, mouvante, instable, vivante. Nous marchons. Nous sommes instables et sans volonté de règne.






En marge de l’ordre et des volontés
En marge de l’ordre et dans la durée

Nous sommes
à l’extérieur.

Nous sommes lignes ouvertes
à l’extérieur

Nous sommes lignes en marche
à l’extérieur

Nous sommes en marche
et dans la durée

Nous maintenons
en vie
quelques possibilités
pour être






Considérations dans les rues de cette ville en son hiver.
Considérations depuis ces lieux en leur état.






Quant à ce qu’il en est de l’amour. Et de son inscription dans nos corps. Nous marchons. En marge. Nos cœurs sont multiples






Bâtiments anciens. Bâtiments nouveaux. Activités d’hier. Activités d’aujourd’hui. Activités pour le futur. Nous marchons. Histoires de nos corps traversés. Liens qui perdurent et qui deviennent. Autres. Mouvement de l’histoire en cours. Cœurs multiples. Quant à nos corps. Histoire en cours.






Passerelle
qui traverse le fleuve.
Passerelle
qui rejoint la ville centrale
Derrière nous :
Palais de la justice.
Masse noire.
Antichambre de la punition
Le monde est bien gardé






un autre mot serait à trouver à la place du mot

amour

un autre mot à la place du mot

il cherche

une autre place

à la place du mot

une autre place que celle-ci

où nous avons jusqu’à ce jour

toujours

tous

vécu

toute

la place

est à donner

au vivant

c’est tout

elle sourit

tout

ce qui vient

à la place

de

n’efface

rien

ne remplace

rien

de la puissance

de

ce qu’il voulait

remplacer

nous marchons

en marge de l’ordre et des volontés

tout ce qui vient

à la place

de

ne remplace pas

ne remplacera

jamais

la question n’est pas celle de

la place

nos corps

nos cœurs

ne demandent pas une place

n’en demandent pas

une seule

nos cœurs

nos corps

ne demandent pas

ils marchent






La puissance se réalise par là où rien ne se remplace.
La puissance se réalise par là où ce que nous vivons ne remplace pas.
La puissance se réalise par là où ce que nous vivons ne remplace rien.

ils sourient

elle a froid


Nous sommes là toues les quatre
Nous reprenons la marche

la joie n’est pas toujours flamboyante ; elle peut être vivante, par-dessous.

par-dessus tout : ne donne pas

par-dessous, aux marges, à la frontière : peut donner

Il y a ces nouveaux bâtiments aux matières froides et certains dans lesquels nous aspirons à vivre. Le froid de la matière : notion des plus relatives. Nos corps savent certaines choses.


Nous traversons la passerelle. Nous rejoignons l’appartement. Une boisson chaude. Quelques au revoir. Un coup de téléphone en soirée. Quelques mots encore. Il n’y a pas de premier jour qui tienne, et c'est très bien. Il y a ce jour encore trop grave. Pas seulement. Pas seulement grave. Pense-t-il.

Ici l’aiguë de quelque note se met en lien avec, le grave. Jasmine
Ici quelques légères depuis l’aiguë entrent en vibration, avec. Gaël
Elles sont toutes là, vibrantes, nous le sentons. Marien
Elles sont là et nous faisons vibrer l’expérience avec elles, nous le sentons. Hélène

Aujourd’hui, nous sommes quatre.

Vite allez vite quittons cet hiver,